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Village de Haute-Gironde

 

À la mort de son père, Jacky POUGET quitta la champignonnière où il travaillait en famille. Il avait 16 ans et choisit d'être pêcheur, métier qu'il effectua pendant 50 ans. L'un des derniers pêcheurs de Gauriac, nous livre quelques uns de ses souvenirs.

 

 La yole et le carrelet

 La yole et le carrelet

 

Tous les pêcheurs avaient des yoles, conçues surtout pour la pêche à l'esturgeon et au maigre. C'était des bateaux en bois, artisanaux. À Gauriac, ils étaient construits par les chantiers Léglise de Bayon. Plus tard, ils s'en construisit en plastique, mais Léglise a longtemps refusé de s'y mettre. Ils étaient plus faciles d'entretien mais, comme les pêcheurs dormaient à bord des navires, la construction en bois, matière noble, était plus saine et confortable et plus sécurisante dans le mauvais temps.

Les pêcheurs naviguaient au moteur, parfois à la voile pour économiser l'essence. Marcel, le frère de Jacky, n'a jamais eu de moteur, il naviguait à la voile ou à l'aviron.

Les filets étaient faits à la main, avec des mailles assez grosses pour respecter le poisson. C'étaient des filets sélectifs, différents pour l'alose, l'esturgeon etc. " À l'époque, dit Jacky Pouget, nous pêchions avec des filets de 130 m de long et 2,50 m de hauteur. Actuellement, les 800 m autorisés sur 8 à 10 m de haut, sont une honte en estuaire, d'autant plus que les engins actuels sont dix fois plus performants qu'autrefois. C'est comme pour les pibales, elles se pêchaient avec un tamis à main d'un mètre. Maintenant, le matériel est impressionnant, les filets font 14 m, et il n'y a presque plus d'anguilles adultes dans la Gironde. "

Il y avait plusieurs campagnes de pêche. Celle du maigre commençait le 15 juin et durait deux mois et demi. Jacky Pouget partait à Meschers en bateau (seul Jean Magot avait une voiture pour y aller). Il vivait à bord. Le port n'existait pas encore, il n'y avait qu'un chenal comme à Roque de Thau. Ils étaient plus de 50 bateaux à Meschers ou à Talmont et il se pêchait 3 à 4 tonnes de poissons qui partaient pour Rungis.

Thérèse, la sœur de Jacky intervient encore émue : " Vous n'avez jamais entendu les maigrats arriver !" et Jacky Pouget raconte. " On les chassait au son. Vers 4 ou 5 heures de l'après-midi, les poissons chantent, après le coucher du soleil c'est fini. Tous les bateaux sont sur l'eau, immobiles, silencieux, tout le monde écoute, cherche… Chacun a sa méthode. Quand on les a trouvés, on les accourse. " Jacky et son copain, les entendaient toujours les premiers, question d'oreille.

On pêchait aussi l'esturgeon. Entre Blaye et Bourg, il y avait 30 pêcheurs. Le poisson devait mesurer au moins 1 m 45.

Une princesse russe de passage à Saint Seurin d'Uzet, voyant les pêcheurs jeter les œufs des esturgeons, leur apprit à faire du caviar. Madame Magot avait une usine de caviar à Gauriac. En 1958, avec trois autres pêcheurs, Jacky Pouget avait pris pour 500 kilos de caviar. Il se vendait alors 23 francs le kg. Le caviar se pesait dans des paniers de vendangeurs.

Il y avait aussi l'alose. Tout le monde connait ici la pêche à l'alose. Elle dure environ un mois et dépend de la marée. Il fallait parfois pêcher la nuit pour ne pas "rater" la marée. Monsieur et Madame POUGET vendaient eux-mêmes leurs aloses.

Aujourd'hui, s'il raconte sa vie avec beaucoup de passion et de plaisir, il ne regrette pas d'avoir quitté la profession où l'ambiance n'est plus du tout la même qu'autrefois.

 

Odile MADRIAS (2003)
Avec tous mes remerciements à Jacky POUGET et Thérèse BELAIR